mardi 2 janvier 2018

Quel avenir ou quel après-guerre pour l'Irak et la Syrie ? Essai de schéma de synthèse

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Quel visage doivent avoir l'Irak et la Syrie après la guerre ? Vous pourriez me dire qu'il faudrait déjà gagner le conflit et imposer la paix, avant de songer à un après-guerre. Cependant, toute stratégie militaire répond à un objectif avant tout politique (cf : Clausewitz) et c'est encore bien plus vrai au XXIème siècle où il faut conquérir souvent le "cœur et les esprits" plutôt que gagner des batailles. Les questions politiques auxquelles il faut trouver des réponses sont très nombreuses, ce qui rend la situation éminemment complexe et la tâche très difficile. 
   Concernant la démocratie, certains comme Alain Juillet suggèrent des régimes forts plutôt que des républiques instables. Ce point de vue, certes immoral, peut être compréhensible quand on voit les échecs en Tunisie, au Liban, en Libye, voire en Irak, vis-à-vis de pays autoritaires, mais en paix et en essor comme le Rwanda de Paul Kagamé. Néanmoins, maintenir un régime dictatorial, n'est-ce pas semer les graines de futurs mouvements terroristes ? De futures rebellions ? L’Égypte d'Al-Sissi est-elle si stable que cela ? 
   Concernant la dualité entre un régime fédéral et des petits états indépendants, la question est là aussi pas facile à trancher. Face aux multiples pogroms et génocides qu'ils ont souvent subis, les juifs ont souhaité avoir "un état à eux" pour être définitivement protégés d'une répression gouvernementale (cf : véritable définition du Sionisme d'après Théodore Herzl). Pourquoi les kurdes ne raisonneraient-ils pas de la même manière, face aux gazages des troupes de Saddam (1988) et aux représailles turques ? En même temps, le fait d'avoir donner son indépendance au Kosovo et au Soudan du Sud n'a absolument pas stabilisé ces deux régions.... En plus, les kurdes n'obéissent pas tous au PKK : ils dépendent de trois mouvements politiques distincts, opérant sur trois pays différents (Turquie, Irak, Syrie).
   Sur le plan de la dichotomie état laïc / état confessionnel, plusieurs options sont possibles. Sachant que le seul état presque laïc de ce sous-continent est la Turquie et que cet idéal est en perte de vitesse dans celui-ci (cf : actions religieuses d'Erdogan), je doute qu'il faille se focaliser à tous prix sur cet objectif. Le modèle libanais est quant à lui imparfait : avant même la guerre civile de 1975, il y avait déjà eu une crise importante en 1958. Par contre, je pense que les minorités religieuses, comme les sunnites d'Irak qui ont été discriminées et maltraitées par Maliki, devraient avoir une sorte de "tribun de la Plèbe" au sein du futur gouvernement de Bagdad. Il faut dans tous les cas des garanties politiques solides pour tous ces groupes ethniques, de manière à ce qu'aucun d'eux ne soit opprimé ou frustré.
   Sur la question de la réconciliation, nous avons l'avantage d'avoir beaucoup d'exemples dans d'autres pays, ce qui peut donner lieu à des approches comparatives. Bien que ce soit très immoral, nous savons depuis longtemps qu'après une guerre civile cruelle, on ne peut pas emprisonner ou condamner tous les coupables, aux vues de leur nombre considérable. Le général de Gaulle a procéder ainsi à une réconciliation nationale dès 1946, même s'il aurait pu faire un meilleur "tri" (cf : Maurice Papon, ...). Actuellement en Colombie, un accord de paix a été trouvé avec les FARCS, c'est plutôt positif, même si tous les problèmes ne sont pas réglés. Dans tous les cas, le premier vœux des victimes est souvent la reconnaissance par l’État et par la Société des sévices qu'ils ont subis, avant même la sanction de leurs bourreaux. C'est facile pour moi d'écrire ces mots, mais j'avoue que j'aurais personnellement du mal à accepter la non-punition de mon agresseur. Néanmoins, il faut que toutes ces horreurs s'arrêtent et le maintien de cycles de vengeances n'ai jamais une solution.
    Pour conclure, une chose me paraît évidente : à la manière de l'édit de Nantes de 1598 ou du traité de Westphalie de 1648 mettant respectivement fin aux Guerres de Religion en France et à l'horrible Guerre de Trente Ans, il nous faudra faire preuve d'innovation et de créativité politique et diplomatique. J'espère seulement, et de tout cœur, que les guerre en Syrie et en Irak se termineront bien avant qu'arrive le phénomène décrit par la célèbre citation de Corneille ("Et le combat cessa, faute de combattants").


SOURCES :

https://www.senat.fr/evenement/colloque/col_detruire_etat_islamique.html
Revue OUTRE-TERRE (direct : Michel Korinman), Daech, menace sur les civilisations, numéro 44, août-septembre-octobre 2015.
Podcast : Du Grain à Moudre (direct : Hervé Gardette), Bachar a-t-il gagné la Guerre ? France Culture, octobre 2017 
https://www.franceculture.fr/emissions/du-grain-a-moudre/bachar-al-assad-a-t-il-gagne-la-guerre
Podcast, Géopilitique le Débat (direct : Marie-France Chatain), Que va devenir la Syrie ? RFI, septembre 2017.
http://www.rfi.fr/emission/20170930-syrie-guerre-civile-paix-conditions-reconstruction-solutions-militaires



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