dimanche 31 juillet 2016

"Il n'y a pas de profil(s) de terroriste islamique " ?




Cette phrase, que j'ai entendue ou lue à diverses reprises, me laisse perplexe. En effet, elle est souvent prononcée de manière désabusée, ce qui sous-entend que non-seulement il n'y a pas une catégorie de terroriste islamiste, mais qu'en plus les efforts de classification de ces derniers ne donnent actuellement rien. Au pire, on a plus qu'à attendre 2 à 5 ans pour avoir une théorie sérieuse ... comme si le temps ne nous était pas compté.

     Mon avis est plutôt que cette affirmation dénote plusieurs phénomènes néfastes. D'abord, elle nous montre que des journalistes ou des intellectuels, très touchés par l'horreur du phénomène, laissent leurs émotions obscurcir leur jugement. Ensuite, cette fameuse phrase nous indique qu'une fois de plus, les chercheurs ou les théoriciens des sciences humaines ont du mal à gérer la complexité et qu'ils adoptent une attitude prudentiste face aux grands modèles, face aux  grandes typologies. Pourtant, cette question de la complexité n'est pas nouvelle, même si elle touchait auparavant d'autres domaines que le terrorisme (exemple : L'Histoire en miettes de François Dosse, La Méthode de Edgar Morin, ...). Encore une fois, je me permets déclarer que tout modèle de sciences humaines a ses limites, ses nuances, ainsi qu'une ou des exceptions.

    Voyons maintenant qu'elle essai de classification des terroristes nous pourrions établir, bien que j'avoue n'avoir pas lu le dossier de chaque "soldat de Daesh". Prenons déjà le premier dénominateur commun : ils sont tous radicaux, ils commettent tous des attentats, soit des actes hyperviolents, aveugles, et une grande majorité d'entre-deux  sont des kamikazes, des suicidaires. Ensuite, même si ces hommes cherchent à brouiller les pistes, ils ont tous subit d'une manière ou d'une autre un "lavage de cerveau". Ils veulent aussi à tous prix attirer l'attention du public.

Selon moi, vient un deuxième dénominateur commun : le rejet de leur vie "terrestre" en France. Effectivement, si beaucoup de ces hommes sont des djihadistes qui veulent partir en Syrie, c'est bien qu'ils pensent n'avoir plus rien à attendre de la France. De plus, s'ils se donnent la mort pour obtenir une vie meilleure dans l'Au-delà, on est obligé de conclure que nos kamikazes sont insatisfaits de leur vie quotidienne. Et de "insatisfait" à "frustré" ou "malheureux", il n'y a qu'un pas, que cette frustration soit matérielle (comme la pauvreté) ou psychologique (exemples : l'humiliation, la violence symbolique, ...).  Dans un monde, où les inégalités sont en hausse, où beaucoup d'individus manquent d'estime de soi et où les humiliations sont souvent plus nombreuses que les actes de reconnaissance sociale, ce genre de dérives n'est pas surprenant. Enfin, si ces terroristes sont capables de tuer n'importe quel français, homme, femme, vieillard, enfant, personne handicapée et même les autres musulmans, ils sont forcément en rupture avec la Société française et ses idéaux. Or, je ne pense pas qu'un lavage de cerveau arrive seul à provoquer un tel niveau de rupture sociale chez les futurs kamikazes. Il y a sûrement un "terreau favorable préexistant". Donc, mon avis (qui n'engage que moi) est que tous ces terroristes sont clairement insatisfaits de leur existence, qu'ils en tiennent la Société responsable et que l'action terroriste va donner un sens à leur vie ou leur fournir une vie dans l'Au-delà qui ne peut être que meilleure. Néanmoins, derrière ces deux dénominateurs communs, il y a évidemment des divergences, d'où le schéma suivant (voir page suivante) :



Alors quels pourraient-être ces différents "types" ou "profils" ? Je n'ai pas poussé plus loin mes recherches, mais voici une liste de critères que je propose d'utiliser pour différencier les "soldats de Daesh" :

 L'âge du terroriste et notamment s'il est dans la tranche 15-25 ans.

  Si le terroriste s'est rendue en Syrie, si il a essayé de rejoindre ce pays ou non.

3° La situation socioprofessionnelle de la cible et son niveau de qualification.

4° La situation familiale de l'agresseur islamiste

5° La situation pénale du terroriste, notamment : a-t-il déjà fait de la prison ?

6° Le niveau de connaissance réel de l'islam, durant sa jeunesse, puis tout au long de sa vie.

7° La situation administrative et migratoire, notamment : le terroriste est-il issu de la deuxième génération d'immigrés ?

Avec ces informations, on devrait logiquement arriver non seulement à des dénominateurs communs, mais aussi à des catégories plus utiles aux autorités, car moins théoriques. Peut-être peut-on se risquer à citer quelques idées de profils, mais il s'agit-là d'une simple supposition et non pas d'une affirmation ou d'une démonstration : le jeune adulte potentiellement très proche des TIC (web, réseaux sociaux, jeux vidéos très violents), l'intellectuel idéaliste, l'ancien criminel, le frustré accablé par ses échecs, .... Tout en prenant en compte qu'un individu peut parfois cumuler plusieurs profils ou passer de l'un à l'autre en quelques années.

Enfin, dernière information en lien avec tout ceci : ce n'est pas nouveau d'affirmer que les "insatisfaits" rejoignent plus facilement que les autres des mouvements extrémistes. Parmi les fidèles d'Hitler, on trouve Goering, un ancien as de l'aviation tombé dans l'alcoolisme durant l'Entre-deux-guerres et Goebbels, un écrivain sans succès ...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire