Dans le domaine de la guerre navale, deux grand théoriciens, aux idées opposées, sont beaucoup cités : Alfred Mahan (1840-1914, ouvrage : The
Influence of Sea Power upon History, 1660-1783) et Julian Corbett
(1854-1922, Principles of Maritime Strategy). Selon François Géré, Mahan serait le "Jomini" de la mer et tandis que
Corbett en serait le "Causewitz", c'est dire l'importance de ces deux
hommes !
Globalement, Mahan est plus centré l'annihilation de la
flotte adverse dans une bataille navale décisive : il transpose les règles de
l'affrontement terrestre au monde maritime. Selon lui, la maîtrise des mers (ou
"Seapower") aurait une influence importante lors d'un grand conflit.
Il explique par exemple, toute l'utilité du Seapower pour Rome lors de
la Seconde guerre punique (219 à 202 avant JC). Les Romains pouvaient ainsi
débarquer des troupes préventivement face à Hannibal sur la Côte-d'Azur,
menacer l'Hispanie, la base logistique du général punique, et enfin
frapper Carthage elle-même. Ses remarques sont intéressantes, mais néanmoins,
on pourrait lui rétorquer que sans l'ouverture du front de l'Est, les
Anglo-Américains n'auraient jamais pu débarquer en Normandie en juin 1944. Comme
d'habitude, la nuance s'impose, surtout quand on compte le nombre réellement
faible de batailles navales décisives dans l'histoire occidentale (exemple : la
bataille du Jütland de 1916, qui ne donne pas la maîtrise des mers à
l'Angleterre).
Corbett a une vision plus large et plus globale de la
guerre navale; il en prend en compte tous ses aspects. Il s'intéresse aux
combats, mineurs ou majeurs, qui ont lieu avant, pendant et après les grandes
batailles. Corbett montre l'existence d'autres formes d'affrontements
maritimes. Ce penseur porte de l’intérêt pour la stratégie maritime et il
s'interroge moins sur les détails tactiques de la guerre navale. Il évoque les "flottes en vie", à savoir les escadres qui restent dans les ports, mais qui demeurent une menace bien réelle. Pour Corbett, la maîtrise des mers se définit plus comme le "contrôle des lignes de communication maritimes".
Aujourd'hui, beaucoup font remarquer que "la Chine a
redécouvert Mahan" (la revue DSI a commenté à plusieurs reprises cette
conclusion). C'est vrai quand on aperçoit la croissance forte de sa marine de
guerre et la prise en compte par ses stratèges de l’intérêt de la maîtrise des
mers. Cependant, elle s'intéresserait à priori aussi à Corbett, comme nous le
montre sa fameuse stratégie d'attrition (le "Déni d'accès", voir mon
post sur la question) et son intérêt pour le contrôle de la route maritime la
reliant au golf persique, en passant par le détroit de Malacca (Indonésie) ....
Sources :
HENROTIN Joseph, Problèmes contemporains de la maîtrise des
mers, dans DSI HS n°26 octobre-novembre 2012.
GERE François, Dictionnaire de la pensée stratégique,
entrées "Mahan (Alfred)"
et "Corbett (Julian)",
Larousse, Paris, 2000.
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